La transformation numérique peut avoir plusieurs visages dans l’agroalimentaire. On peut parler d’automatisation de chaines de production, d’optimisation de la logistique, d’usine 4.0, d’amélioration de la relation, de gestion de pôle recherche et développement en mode collaboratif et la liste ne s’arrête pas là.
Appelons-en désormais à notre bon sens paysan et soyons pragmatiques en prenant quelques exemples illustrant la transition numérique de l’industrie agroalimentaire dans un spectre assez large, de la fourche à la fourchette…
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Afin de garantir la «qualité» et surtout l’homogénéité de son jus de fruit “Simply Orange” Coca-Cola collecte tout un ensemble de data. Le géant américain prend en compte : météo locale, environnement, qualité d’ensoleillement, arrosage, qualité des sols, produits phytosanitaires utilisés, historique du processus de maturation des arbres: enracinement, feuilles, fleurs, propriétés des fruits : maturation, teneur en jus, diamètres, texture.
Toutes ces informations sont collectées pour parfaitement connaitre les conditions de croissance des fruits. Mais c’est également une façon de maitriser l’ensemble du processus industriel et toujours offrir un produit final constant dans ses qualités organoleptiques.
En clair les données permettent de déterminer le meilleur moment de la cueillette des fruits. Tandis que les images satellites peuvent ordonner la récolte aux producteurs. De plus, grâce à un procédé hyper industrialisé, qui repose notamment sur la connaissance de 600 saveurs de l’orange et des préférences des consommateurs, Coca a pu déterminer quels fruits mélanger pour obtenir une formule identique toute l’année.
La production de jus comprend de nombreuses variables de la récolte à la mise en bouteille. Le géant américain s’est assuré de maîtriser tous les procédés en créant son propre algorithme.
Le géant des télécoms américain Verizon a conclu un partenariat exclusif avec ITK (pour Intelligence Technology & Knowledge), petite start-up de Montpellier spécialisée dans le déploiement de débitmètres connectés.
Outre le fait de vendre un capteur adapté aux systèmes d’irrigations propre à la viticulture aux Etats-Unis, la société ITK propose surtout un pack service. L’intelligence artificielle est capable de suivre, de mesurer et surtout d’optimiser les volumes d’eau utilisés pour l’irrigation.
Sur un territoire fortement touché par la sécheresse (la Californie), ce système basé sur la technologie Lora effectue une remontée d’information quotidienne avec une autonomie électrique de 10 mois pour une simple pile bouton.
Peu de temps avant l’annonce du rachat par Bayer, le géant américain Monsanto faisait parler de lui au travers de ses investissements dans le Big Data. Monsanto a ainsi racheté à prix d’or, quelques sociétés du secteur de l’agriculture de précision comme Climate Corporation et Fieldscripts.
Alors mêmes que les performances des semences OGM font débat, l’investissement dans l’intelligence de la terre et du climat offre une alternative intéressante pour accroitre les performances agricoles.
L’agriculture de précision permet dorénavant d’agir au cm² et non plus à la parcelle. Monsanto se défini comme une entreprise de la science des données.
Toujours dans les phases amonts de la chaîne de valeur agroalimentaire, la société coopérative Evolution est spécialisée dans la génétique et génomique des animaux. Les innovations des dernières années rendent désormais possible le séquençage rapide à très bas cout de l’ADN d’un animal.
Le séquençage de l’ADN d’un animal représente environ 30 Go de data. Face à la monté des volumes de données, la coopérative a créé un poste de Datamanager. Cet ancien généticien de l’INRA a notamment pour mission de valoriser au mieux les données en les croisant par exemple avec le vécu et le comportement des animaux : activité physiques, maladie, rendements, comportement.
Ces nouvelles capacités ont d’ailleurs plutôt tendance à attirer l’attention sur les évènements non anticipé et à mettre en évidence des animaux qui déploient des caractéristiques très spécifiques.
Dans le film Interstellar, notre agriculteur astronaute, installe des robots sur des moissonneuses-batteuses pour les rendre autonomes. Les machines de Robotic Blue River ne conduisent pas encore les tracteurs (d’autres le font déjà très bien), mais numérisent la totalité des plantes d’une parcelle.
Ces photographies de très haute qualité, en 3D, permettent d’identifier rapidement les plantes adventices. Mais pas seulement. Elles peuvent aussi servir à constater de potentiels problèmes de croissance, l’apparition de maladies ou de malformation très en amont. Et cela bien avant que l’œil humain ne soit capable de les détecter.
Si les robots en charge d’accueillir les clients en boutique relèvent parfois du gadget, les robots intelligents sont déjà bien présents dans notre quotidien. En effet, les assistants en ligne, ou services SMS sont en général pour partie, au moins dans les premiers échanges. Ce sont des chatbots qui répondent à nos premières questions. Ils tentent de nous aiguiller vers les réponses, ou collectent les premières informations nécessaires. De cette manière, ils gagnent du temps pour l’interlocuteur humain qui prendra le relais.
L’intelligence artificielle est débattue depuis longtemps. En revanche les dernières avancées, notamment le deep learning, sont désormais accessible via les plateformes cloud. Elles permettent aux systèmes actuels de passer le fameux test de Turing.
Dans un domaine plus spécifique à l’agroalimentaire, on voit émerger des cobots. Autrement appelés exosquelettes, adaptés pour des gestes très technique comme la découpe de la viande. Ces cobots viennent assister les opérateurs et réduire leur TMS. Mais à terme ces robots intelligents et agiles ne vont-ils tout simplement pas prendre en charge la totalité de ces métiers à fort taux de pénibilité ?
Autre évolution importante en amont de la chaine de valeur, les city-farms ou fermes verticales, qui proposent tout simplement de relocaliser la production au plus près des lieux de consommation. A savoir dans les villes : gain d’espace, gain de ressources et surtout gain de logistique.
A côté des versions high-tech qui utilisent des lampes led et des systèmes aéroponiques très sophistiqués, existent des modèles plus natures. C’est notamment le cas les ruches urbaines ou les roof garden, jardin potager en haut d’un immeuble. Ces derniers sont particulièrement prisés des restaurateurs.
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Deliveroo, Ubereats, Just eat….les acteurs des services de livraison de repas explosent. Encore plus depuis les périodes de confinement. Nous sommes sur une forme de marché biface. D’un côté les clients consommateurs, qui souhaitent élargir l’offre de produits alimentaire livrés à domicile. Et de l’autre coté, des clients restaurateurs. Ils souhaitent proposer leurs plats à la livraison, mais sans investir dans un système lourd et complexe de livraison à domicile.
Ces plateformes, intermédiaires entre les consommateurs et les restaurants se trouvent à la dernière étape d’un produit travaillé et fini, et non plus haut dans la chaîne de production. L’évolution de ces entreprises de livraison est telle qu’aujourd’hui il est possible de suivre le livreur qui est géolocalisé. De se tenir prêt à son arrivée pour à la fois optimiser son déplacement et ne pas se demander toutes les 3 minutes « quand est-ce qu’il arrive ? ». Une façon de soigner sa relation client en l’impliquant également dans la livraison. Car le consommateur peut aussi recommander le travail du livreur.
Autant d’innovations technologiques et numérique au service d’une meilleure expérience client.
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Retour d’expérience : L’intelligence artificielle dans l’agroalimentaire
Simon Le Bayon, PhD
Consultant en stratégie digitale