NIS2 et Microsoft 365 : ce que les entreprises doivent savoir dès maintenant

La cybersécurité n’est plus une option. Avec la directive NIS2, l’Union européenne impose un cadre réglementaire inédit pour renforcer la résilience numérique des entreprises. Ce texte, adopté en décembre 2022, élargit considérablement le périmètre des organisations concernées. Et parmi elles, les PME et ETI qui utilisent des solutions collaboratives comme Microsoft 365 sont en première ligne.

 

Pourquoi ? Parce que ces environnements, riches en données sensibles et interconnectés, sont des cibles privilégiées pour les cyberattaques. Si vous pensiez que NIS2 ne concernait que les grands opérateurs d’infrastructures critiques, détrompez-vous. Cette directive s’applique aussi à votre entreprise, et elle impose des obligations précises.
 
Dans cet article, nous vous expliquons ce qu’est NIS2, qui est concerné, quelles sont les obligations à respecter et comment sécuriser votre usage de Microsoft 365 pour être conforme.

Quels sont les objectifs de NIS2 ?

NIS2 est la réponse européenne à une réalité : les cyberattaques explosent, et leurs conséquences peuvent être systémiques.
 
Cette directive succède à NIS1, en élargissant considérablement le périmètre des entreprises concernées et en imposant des exigences plus strictes en matière de gouvernance, de gestion des risques et de déclaration d’incidents.
 
L’objectif est triple :
  • Harmoniser les règles entre les États membres pour éviter les disparités
  • Renforcer la résilience collective face aux menaces numériques
  • Imposer des obligations concrètes en matière de gouvernance, gestion des risques et notification des incidents
En clair, NIS2 ne se contente pas de recommandations. Elle impose des mesures obligatoires et des sanctions en cas de manquement.

Pourquoi NIS2 concerne-t-elle aussi les utilisateurs de Microsoft 365 ?

Les solutions collaboratives telles que Microsoft 365 sont devenues le cœur du travail quotidien dans de nombreuses entreprises : messagerie, stockage, collaboration, partage de documents. Ces outils hébergent des données stratégiques et sont accessibles en ligne, ce qui les rend vulnérables si les configurations de sécurité ne sont pas optimales.

NIS2 exige que vous prouviez que ces environnements sont sécurisés, que vous maîtrisez vos risques et que vous appliquez des mesures adaptées. Autrement dit, si vous utilisez M365 sans MFA, sans surveillance des accès ou sans plan de continuité, vous êtes exposé… et non conforme.
 
La directive NIS2 s’impose désormais à un large éventail d’organisations – y compris les TPE et PME, les administrations publiques et collectivités, les grandes entreprises – pour structurer leur cybersécurité autour de ces usages, sous peine de sanctions importantes.

Les deux catégories d’entités : essentielles et importantes

La directive distingue deux types d’acteurs :
  • Essentielles : énergie, santé, eau, banques, transport, administrations publiques
  • Importantes : fournisseurs de services numériques (cloud, SaaS), hébergeurs, data centers, logistique, industries manufacturières critiques

Mais attention : même si vous n’êtes pas en « première ligne », vous pouvez être concerné en tant que prestataire, sous-traitant ou éditeur de solutions collaboratives utilisées par des clients soumis à NIS2

Quels seuils de taille et de chiffre d’affaires s’appliquent ?

La directive NIS2 ne concerne pas uniquement les grandes entreprises. Elle s’applique à toute organisation qui répond à deux critères cumulatifs :
  • Un effectif d’au moins 50 salariés
  • Un chiffre d’affaires annuel supérieur à 10 millions d’euros
Ces seuils élargissent considérablement le périmètre des entités concernées, incluant de nombreuses PME et ETI. À noter : même une entreprise plus petite peut être soumise si elle fournit des services critiques à une entité essentielle ou importante.

Les prestataires et sous-traitants sont-ils concernés par NIS2 ?

La directive NIS2 ne s’arrête pas aux entreprises en première ligne. Elle s’étend à toute la chaîne de valeur, ce qui inclut les prestataires techniques, sous-traitants et fournisseurs de services numériques. Si vous intervenez pour une organisation soumise à NIS2, vous pouvez être indirectement concerné.

Pourquoi ? Parce que la sécurité de vos services impacte directement la conformité de vos clients. Une faille chez un prestataire peut compromettre la continuité d’activité d’une entité essentielle ou importante. C’est pourquoi NIS2 impose des obligations de sécurité de la chaîne d’approvisionnement : clauses contractuelles, audits, preuves de conformité.

En pratique, cela signifie que vos clients peuvent exiger :
  • Des garanties documentées (politique de sécurité, plan de gestion des incidents)
  • Des preuves techniques (MFA activée, sauvegardes, surveillance des accès)
  • Une traçabilité des actions correctives en cas d’incident
Ne pas anticiper ces exigences peut vous faire perdre des contrats stratégiques. La conformité NIS2 devient donc un levier commercial autant qu’une obligation réglementaire.
 
La directive NIS2 ne se limite pas à des principes généraux : elle impose un socle réglementaire précis que toutes les entreprises concernées doivent respecter.
 
Ces obligations, définies à l’article 21, couvrent l’ensemble des dimensions de la cybersécurité :
  • la gouvernance,
  • la gestion des risques,
  • la continuité d’activité,
  • la sécurité des systèmes
  • la sensibilisation des équipes.

Les 10 exigences clés de NIS2 (article 21)

Voici une synthèse des obligations et des exemples pour leur application concrète pour une PME :

  1. Politique de sécurité et analyse des risques
    • Document interne, revue annuelle
  2. Gestion des incidents
    • Procédure claire, registre
  3. Continuité d’activité et gestion de crise
    • Plan de reprise, test sauvegardes
  4. Sécurité de la chaîne d’approvisionnement
    • Clauses cyber dans contrats
  5. Sécurité des réseaux et systèmes d’information
    • Mises à jour régulières
  6. Évaluation de l’efficacité des mesures
    •  Tableau de bord semestriel
  7. Formation et bonnes pratiques d’hygiène cyber
    • Sensibilisation phishing
  8. Politiques de cryptographie et chiffrement
    • Chiffrement des données sensibles
  9. Contrôle d’accès et sécurité RH
    • Gestion des droits par rôle
  10. Authentification forte (MFA) et communications sécurisées
    • MFA activée sur M365

Gouvernance et responsabilité des dirigeants

La cybersécurité devient un sujet de direction : les responsables doivent être formés, impliqués et capables de prouver à tout moment la conformité de leur organisation. Les manquements peuvent entraîner des sanctions financières et la mise en cause personnelle des dirigeants.

Les dirigeants ne peuvent plus déléguer entièrement la cybersécurité. Ils doivent :
  • Valider la stratégie et les budgets
  • Suivre les indicateurs
  • Se former régulièrement

Sanctions en cas de non-conformité : quels risques ?

La directive NIS2 ne se limite pas à des recommandations : elle impose des obligations assorties de sanctions financières particulièrement dissuasives. En cas de manquement grave ou de non-conformité constatée lors d’un audit, les entreprises s’exposent à des amendes pouvant atteindre des montants significatifs :
  • Jusqu’à 10 millions d’euros ou 2 % du chiffre d’affaires mondial pour les entités essentielles (secteurs critiques comme l’énergie, la santé ou les transports)
  • Jusqu’à 7 millions d’euros ou 1,4 % du chiffre d’affaires mondial pour les entités importantes (services numériques, cloud, logistique, etc.)
Ces sanctions ne sont pas théoriques : elles s’accompagnent de contrôles renforcés par les autorités compétentes, comme l’ANSSI en France. Elles peuvent également inclure des mesures correctives obligatoires, des restrictions d’activité, voire la mise en cause personnelle des dirigeants.
En résumé, ignorer NIS2 n’est pas une option : le risque financier et réputationnel est bien réel, et il s’ajoute à la menace des cyberattaques elles-mêmes.

Pour les entreprises qui utilisent Microsoft 365, la priorité est de renforcer la configuration, la gouvernance et la surveillance afin de répondre aux exigences réglementaires.
Dans cette section, nous vous présentons les actions concrètes à mettre en place dès maintenant, les bonnes pratiques pour sécuriser vos environnements M365 et les outils qui peuvent vous aider à auditer et améliorer votre posture de sécurité.

Les 5 premières actions prioritaires pour sécuriser M365

Pour répondre aux exigences de NIS2 et protéger vos environnements collaboratifs, Microsoft Security met à disposition un écosystème complet de solutions. Ces outils permettent de sécuriser vos identités, vos données et vos applications, tout en simplifiant la gestion des risques.

Ces outils vous aide à mettre en œuvre des actions prioritaires :

  1. Activer l’authentification multifacteur (MFA) pour tous les comptes
  2. Centraliser les droits administrateurs et supprimer les comptes inactifs
  3. Configurer des politiques de mot de passe robustes
  4. Mettre en place la journalisation et la surveillance des accès
  5. Sauvegarder les données critiques hors ligne ou via un service sécurisé

Les bonnes pratiques pour la gestion des accès et MFA

Voici les pratiques incontournables pour réduire les risques et répondre aux exigences réglementaires.

1. Utiliser Azure AD Conditional Access pour limiter les connexions à des appareils conformes

Le contrôle des accès ne doit pas se limiter à un simple mot de passe. Avec Azure Active Directory Conditional Access, vous pouvez définir des règles qui autorisent la connexion uniquement depuis des appareils conformes ou des emplacements approuvés. Par exemple, bloquer les connexions depuis des pays à risque ou exiger un appareil inscrit dans Intune. Cette approche réduit considérablement les risques liés aux compromissions d’identifiants.

2. Activer MFA obligatoire pour les administrateurs et les utilisateurs sensibles

L’authentification multifacteur (MFA) est une mesure simple mais redoutablement efficace contre les attaques par phishing et les vols de mots de passe. Elle doit être activée sans exception pour tous les comptes administrateurs et les utilisateurs ayant accès à des données critiques. Microsoft 365 propose plusieurs options (application mobile, SMS, clé physique) pour adapter la MFA à votre organisation.

3. Déployer Microsoft Defender for Office 365 pour filtrer les emails malveillants

Les emails restent la porte d’entrée privilégiée des cyberattaques. Microsoft Defender for Office 365 ajoute une couche de protection avancée contre le phishing, les pièces jointes infectées et les liens malveillants. Cette solution analyse les messages en temps réel et bloque les menaces avant qu’elles n’atteignent vos utilisateurs. Couplée à une sensibilisation régulière, elle réduit drastiquement le risque d’incident.

Gouvernance des données : un levier essentiel pour répondre aux exigences NIS2

La directive NIS2 impose aux entreprises de renforcer la gouvernance de leurs systèmes d’information et de prouver leur conformité en matière de sécurité et de gestion des risques. Pour les organisations qui utilisent Microsoft 365, Microsoft Purview est une solution stratégique.

Purview offre des fonctionnalités avancées pour classifier, protéger et superviser les données sensibles, tout en garantissant la traçabilité des actions. Concrètement, il permet :
  • La découverte automatique des données critiques dans vos environnements Microsoft 365
  • La mise en place de politiques de protection (chiffrement, restrictions d’accès) pour limiter les risques de fuite
  • La génération de rapports de conformité pour démontrer vos efforts auprès des auditeurs ou des clients
  • La surveillance continue des activités et des accès, afin de détecter les comportements à risque
En intégrant Purview à votre stratégie NIS2, vous facilitez la mise en œuvre des exigences liées à la gouvernance, à la sécurité des données et à la preuve de conformité. C’est un levier essentiel pour anticiper les audits et renforcer la confiance de votre écosystème.

Dates clés de mise en application en Europe et en France

La directive NIS2 a été officiellement adoptée par l’Union européenne en décembre 2022, marquant le début d’une nouvelle ère pour la cybersécurité. Mais son application ne s’est pas faite du jour au lendemain. Chaque État membre dispose d’un délai pour transposer cette directive dans son droit national. En France, cette transposition est intervenue en octobre 2024, avec la publication des textes réglementaires précisant les obligations pour les entreprises.

En résumé :

  • Décembre 2022 : adoption de NIS2 au niveau européen
  • Octobre 2024 : transposition en droit français
  • 2025 : début des contrôles et sanctions

Pourquoi anticiper dès maintenant ?

À partir de 2025, les contrôles et sanctions deviennent effectifs. Cela signifie que les autorités compétentes, comme l’ANSSI, peuvent désormais auditer les organisations, vérifier leur niveau de conformité et appliquer des mesures correctives, voire des sanctions financières en cas de manquement.

Deuxième élément à prendre en compte : vos clients exigent déjà des preuves de conformité. Les appels d’offres, notamment dans les secteurs sensibles, intègrent désormais des clauses cybersécurité. Si vous ne pouvez pas démontrer que vous avez engagé une démarche NIS2, vous risquez de perdre des contrats stratégiques. La conformité devient un argument commercial autant qu’une obligation réglementaire.

Et, enfin, les cyberattaques ne préviennent pas. Les statistiques sont sans appel : les PME sont les premières victimes des ransomwares et des fuites de données. Une configuration insuffisante de Microsoft 365 – absence de MFA, droits administrateurs mal gérés – peut suffire à ouvrir la porte à une attaque. Et dans ce cas, la sanction ne sera pas seulement financière : elle peut impacter votre réputation, votre continuité d’activité et la confiance de vos clients.

En résumé, agir tôt, c’est réduire les risques et gagner en crédibilité. NIS2 n’est pas une contrainte ponctuelle, mais un levier pour sécuriser durablement votre organisation.

Bien que NIS2 et le RGPD soient deux réglementations européennes liées à la sécurité numérique, leurs objectifs et leurs périmètres sont très différents.
Le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) vise à protéger les données personnelles des individus. Il encadre la collecte, le traitement et la conservation de ces données, avec un focus sur la confidentialité et le consentement. Son enjeu principal : garantir la vie privée des citoyens européens.
La directive NIS2, quant à elle, s’intéresse à la sécurité des réseaux et des systèmes d’information. Elle impose des mesures pour prévenir les cyberattaques, assurer la continuité des services critiques et renforcer la résilience des infrastructures numériques. Son objectif : protéger l’économie et la société contre les risques systémiques liés aux cybermenaces.
En résumé :
  • RGPD = protection des données personnelles
  • NIS2 = sécurisation des systèmes et des services essentiels
Ces deux cadres sont complémentaires : une entreprise peut être conforme au RGPD tout en étant non conforme à NIS2… et inversement. Pour une organisation utilisant Microsoft 365, cela signifie qu’il faut à la fois sécuriser les données (RGPD) et les accès, configurations et processus (NIS2).
Bonne nouvelle : la directive NIS2 ne vous oblige pas à abandonner vos outils collaboratifs actuels, comme Microsoft 365. La conformité ne repose pas sur le choix de la solution, mais sur la manière dont elle est configurée, sécurisée et supervisée.
Autrement dit, vous pouvez continuer à utiliser M365, à condition de mettre en place des mesures adaptées :
  • Activer l’authentification multifacteur (MFA) pour tous les comptes
  • Gérer les droits d’accès en appliquant le principe du moindre privilège
  • Surveiller les journaux et alertes pour détecter les comportements suspects
  • Mettre à jour régulièrement vos politiques de sécurité et former vos équipes
Changer d’outil n’est donc pas nécessaire, mais ignorer la sécurisation de vos environnements collaboratifs vous expose à des risques majeurs et à des sanctions en cas de non-conformité. La priorité est de renforcer la configuration et la gouvernance, pas de remplacer vos solutions.
La conformité à NIS2 ne se limite pas à mettre en place des mesures techniques : elle doit être démontrable. Les auditeurs et les clients attendent des preuves tangibles que votre organisation respecte les exigences réglementaires.
Voici les éléments clés à préparer :
  • Une politique de sécurité documentée : décrivant vos règles, vos processus et vos responsabilités
  • Un registre des incidents : consignant chaque événement, sa cause, son impact et les actions correctives
  • Des preuves de mise en œuvre des mesures techniques : activation MFA, gestion des accès, sauvegardes testées
  • Un plan de continuité et de reprise d’activité : validé et testé régulièrement
  • Des attestations de formation ou sensibilisation : pour prouver l’implication des équipes

Ces documents doivent être à jour, accessibles et vérifiables. Un tableau de bord de suivi, des rapports générés par vos outils (Microsoft 365 Compliance Center, par exemple) et des audits internes réguliers renforcent votre crédibilité.

En résumé : la conformité se prouve par la traçabilité et la transparence. Plus vos preuves sont claires, plus vous inspirez confiance à vos clients et aux autorités.

La directive NIS2 marque un tournant pour toutes les organisations qui s’appuient sur des solutions collaboratives comme Microsoft 365. En anticipant les obligations, en structurant une démarche progressive et en s’appuyant sur les ressources disponibles, vous transformez une contrainte en véritable levier de confiance et de maturité numérique. N’attendez pas l’incident ou l’audit surprise : commencez dès aujourd’hui à sécuriser vos usages et à sensibiliser vos équipes.

Ne subissez pas NIS2 : engagez une démarche progressive dès aujourd’hui.

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